Les méthodes de projections climatiques statistiques mises au point par le projet AP3C, et avant lui son précurseur centré sur la Creuse, ont été imaginées au départ dans un but d’adaptation agronomique. Nous nous sommes donc orientés initialement vers l’explicitation des dérives tendancielles, qui nous semblaient mal prises en compte, plutôt que vers l’appréciation de l’évolution des aléas « extrêmes », qui nous semblaient faire l’objet d’un panel d’études déjà engagées.
L’objectif initial s’est peu à peu amendé, à la fois du fait de raffinements techniques qui ont eu un impact collatéral sur l’estimation des événements « rares » et aussi du fait de demandes qui ont commencé à se faire jour après la publication de nos premiers résultats.
Le point qui n’avait pas été explicité jusqu’à présent c’est jusqu’à quel niveau de « rareté » nos projections climatiques sont utilisables, en particulier d’un point de vue agro-climatique. Nous avons opéré selon 2 approches.
- Premièrement, est-ce que les formules de l’ensemble des indicateurs agro-(pédo-)climatiques calculés jusqu’à présent utilisent des seuils qui sont contenus dans la zone robuste des projections climatiques effectuées par AP3C ?
- Deuxièmement, est-ce que les probabilités rares des projections des indicateurs agroclimatiques (IAC) présentent des biais évidents face aux calculs sur les données observées ?
Pour le premier point, nous étudierons dans ce document les évolutions d’événements ordinaires d’un côté, concernant les paramètres températures, ETP et précipitations, et « extrêmes » d’un autre, concernant les températures maximales et les précipitations. Concernant les ETP, il n’y aurait guère de sens dans une détermination d’événements extrêmes vu qu’elles sont bornées par la physiologie et que cette limitation est retranscrite dans la formule de calcul. Quant aux températures minimales, elles sont projetées de manière conjointe aux températures maximales et elles n’ont pas fait l’objet d’un indicateur s’intéressant à des événements très froids, jusqu’à présent.
Pour le second point, le critère sera une appréciation graphique visuelle, pour chaque IAC et chaque point de mesure, d’un biais « évident ». Elle sera suivie de statistiques descriptives de fréquences des biais, indicateur par indicateur, et d’une proposition de réduction de ces biais.